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Interview de lauréat pitch Congrès ALLICE - Charles Huguet, Energie Circulaire

Le 10|12|2021 Publié le 10|12|2021

Lauréat du pitch innovation dans la catégorie Modèles économiques pour la transition énergétique lors du Congrès ALLICE 2021

L’Efficacité Energétique Industrielle tiers financée


Par Charles Huguet, Directeur Opérationnel, Energie circulaire
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Conversion de chaleur en électricité : les technologies sont éprouvées, il faut désormais investir !
ALLICE : Charles Huguet, vous êtes directeur opérationnel chez Energie Circulaire, une filiale d’Enertime. Comment fonctionnent les technologies que vous proposez et à quelles industries s’adaptent-elles ?

Charles Huguet : Nous avons actuellement 3 technologies disponibles, chacune se prêtant à un type de flux d’énergie et donc d’industrie spécifique :

  • Les ORC (Cycle Organique de Rankine) à haute température :
Cette technologie s’adresse aux industries énergo-intensives et consiste à récupérer et valoriser la chaleur produite par les procédés pour actionner une mini centrale, dont l’électricité sera auto-consommée par l’usine. Elle nécessite des flux à haute ou très haute température, entre 250 et 1000°C et s’adresse aux industries du verre, du ciment, de l’acier, certaines formes de production d’énergie, de transport de gaz naturel ou encore, dans ses applications historiques en géothermie ou biomasse.
En France, l’électricité est largement décarbonée et notre technologie n’engendre pas, au niveau du site en lui-même, une forte diminution de ses émissions de GES, mais son bénéfice est évident si l’on suit une approche globale : l’ensemble de l’énergie utilisée en France, que ce soit par les usines, les véhicules, les bâtiments… ne peut pas, en l’état actuel du système, être intégralement couvert par l’électricité. Notre technologie permet de ne pas surcharger le réseau, qui est alors plus disponible pour les industriels n’ayant pas d’alternative.
Par ailleurs, cela permet de réduire la température des fumées rejetées dans l’atmosphère par les gros sites industriels, ce qui est aussi bénéfique pour l’environnement local en ce que les systèmes de traitement des fumées ont des températures de fonctionnement en général plus faibles.

  • La PAC industrielle 
Elle permet de valoriser les flux de moindre température, vers 40 ou 50°C, par exemple ceux des tours de refroidissement, dont la valorisation est difficile. La PAC permet de capter la chaleur résiduelle, même si elle est à faible température, et, moyennant une consommation d’électricité qui représente à peu près ¼ du rendement global de l’opération, d’obtenir ainsi une alimentation en chaleur à plus haute température, de 80 à 120 voire 150°C, réutilisable sur le site ou dans un réseau de chaleur. C’est une technologie qui vient en substitution généralement d’une chaudière ou de brûleurs gaz et a donc un effet direct sur la décarbonation. Elle correspond bien aux besoins par exemple de l’industrie agroalimentaire ou des céramiques.

  • Les turbines turbo-expander
Le gaz naturel est transporté à l’échelle nationale ou du continent dans d’énormes tuyaux qui alimentent de plus petits réseaux ou des sites industriels qui consomment de gros volumes de gaz. A ces interfaces, la pression du gaz doit passer de 60 / 80 bars à moins de 20 bars et cette réduction se fait en général à travers des vannes passives où on laisse le gaz se détendre. Lors de cette opération, il refroidit en plus naturellement jusqu’à des températures très basses, cela fait partie des caractéristiques physiques du gaz. Nous proposons grâce à cette technologie de valoriser ces variations de pression et de température. En effet, en parallèle des vannes classiques, nous installons une turbine qui est entraînée par cette variation de pression et produit de l’électricité, mais nous récupérons également le froid afin d’alimenter des réseaux par exemple pour la climatisation.

ALLICE : Vos technologies permettent de récupérer des sources d’énergie qui ne seraient pas exploitées autrement, mais vous êtes lauréat de la catégorie « Modèles économiques pour la transition énergétique ». Où se trouve l’innovation par rapport à cet aspect ? 

Charles Huguet : Les technologies évoquées sont conçues par Enertime, PME industrielle, dont Energie Circulaire est une filiale. Le choix de créer une entité dédiée au montage économique et financier des projets vient d’un constat simple : les investissements à réaliser sont relativement importants, plusieurs millions voire plusieurs dizaines de millions d’euros, et peuvent nécessiter des montages complexes et risqués pour les industriels exploitants. Par ailleurs, même lorsqu’ils ont pour projet de s’engager dans la décarbonation, ces groupes font en général passer les investissements « cœur de métier » avant ceux concernant l’efficacité énergétique. Le taux de transformation commerciale des projets entre les prospects convaincus de l’intérêt de nos solutions et ceux qui réellement les mettaient en œuvre était trop faible.
Il y a 2 ans et demi, l’idée d’Energie Circulaire a vu le jour pour répondre à ce besoin : nous investissons aujourd’hui pour le compte des industriels et vendons l’énergie sous la forme d’un contrat d’approvisionnement pour l’usine au sein de laquelle sont installées nos machines. Ainsi :

  • On casse la barrière de l’investissement, le client est rassuré, il n’a plus à arbitrer entre ses priorités CAPEX ;
  • Il n’a pas besoin de se préoccuper de l’installation, de l’exploitation et de la maintenance d’une machine qu’il ne connait pas ;
  • Il bénéficie d’une vision long terme sur le prix de cette énergie, dans un contexte de marché particulièrement volatil aujourd’hui et qui risque de le rester ;
  • S’il est soumis aux quotas de CO2 et à la taxe carbone, le bénéfice est encore renforcé ;
  • Et ne négligeons pas l’impact positif sur son image !
ALLICE : Vos prix sont-ils figés sur la durée du contrat ou prenez-vous en compte des données marchés ?

Charles Huguet : La plupart de nos contrats sont à prix fixes, simplement indexés sur l’inflation. Nous pilotons les machines à distance et réalisons la maintenance, donc il faut tenir compte du coût de la main d’œuvre pour l’O&M mais qui reste très réduit par rapport aux technologies concurrentes.

Certains clients demandent une indexation sur le marché de l’énergie, ce qui semble surprenant aujourd’hui. Ils estiment que nous sommes en période haute, qui ne va pas durer, et que le prix va prochainement reprendre une tendance plus raisonnable. Mais nous travaillons relativement peu avec ce schéma pour le moment. 

ALLICE : Et pour vous, quel est votre seuil de rentabilité ? Vous êtes une petite structure naissante, comment portez-vous des investissements que de grands industriels jugent trop élevés ?

Charles Huguet : La durée de nos contrats est prévue pour que nous soyons rentables à terme : la plupart sont conclus sur 15 ans, parfois 20 ans si la rentabilité le nécessite ou au contraire 10 ans sur des projets plus simples. Mais nous prenons le risque sur le long terme là où les groupes industriels attendent des ROI très courts. Nous avons deux modèles :

  • Travailler avec une banque qui acquiert le projet une fois que nous l’avons développé ;
  • Travailler avec des fonds d’investissement, et c’est aujourd’hui l’option que nous privilégions : lever des fonds au niveau d’Energie Circulaire pour être en mesure de financer les investissements sur fonds propres et garder les actifs en gestion.
Nous sommes confiants car, depuis l’installation des premiers ORC dans le monde, il y a 40 ans, certains fonctionnent encore aujourd’hui. Dans le monde industriel, certaines turbines à vapeur ont 80 ans. Nous sommes sur des technologies solides et éprouvées qui permettent de prolonger l’utilisation bien au-delà du seuil de rentabilité, créant à long terme des ressources pour financer les nouveaux projets. Il nous semble réaliste que nos installations aient une durée de vie supérieure à 30 ans et donc une forte rentabilité sur le long terme.

ALLICE : Aujourd’hui, quelles sont vos perspectives, vos recherches de partenaires éventuels ?

Charles Huguet : Nous avons 4 projets en développement grâce, notamment, au plan de relance. Désormais, les industriels commencent à nous connaître et à nous contacter. Bien sûr, nous sommes toujours à la recherche de nouveaux projets, mais notre priorité aujourd’hui est de pouvoir investir dans ces projets pour renforcer notre portefeuille d’actifs. Nous sommes en permanence en levée de fonds… pour ces technologies, et pour les futures ! Nous souhaitons nous positionner prochainement sur de nouveaux types d’investissements : la capture du carbone et l’hydrogène, qui se combinent assez naturellement avec les technologies que nous maîtrisons déjà et que nous sommes les seuls sur la place à maîtriser parfaitement.


 
NDRL : pour être mis en relation avec Charles Huguet, n’hésitez pas à nous contacter : contact@alliance-allice.com.

Retrouvez également le replay de son pitch ci-dessous ou sur notre chaine Youtube :




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